La question posée par Yves Durand, pertinente et mettant bien le doigt où se situe le problème :
La réponse de Valérie Pécresse :*M. Yves Durand
Monsieur le ministre de l’éducation nationale, je vous demande de vous mettre un instant à la place d’un jeune étudiant de deuxième année de master qui se destine à l’enseignement. Avec votre projet de réforme, il devra affronter une première série d’épreuves en septembre ou en décembre, puis préparer immédiatement après de nouvelles épreuves, qu’il passera en juin. En même temps, il devra présenter son mémoire de recherche pour valider son année. Enfin, s’il lui reste un peu de temps, il pourra effectuer un stage dans une classe pour découvrir son futur métier d’enseignant. En fait, cette année ingérable se transforme en un long bachotage qui sacrifie d’autant plus la formation professionnelle que les stages ne sont plus obligatoires.
Monsieur le ministre, il ne suffit pas de maîtriser soi-même le savoir pour être capable de le transmettre à des élèves ; cette transmission nécessite toujours plus de pédagogie. Certes, les IUFM n’étaient pas parfaits, mais alors que nous proposions de les réformer pour les
améliorer, vous les supprimez.
Pour la première fois, un gouvernement méprise à ce point la mission d’enseigner qu’il se refuse à en faire un métier. L’enseignement serait-il la seule profession que l’on n’a plus besoin d’apprendre ?
C’est grave pour les jeunes étudiants, futurs enseignants, qui devront affronter une classe.
C’est grave pour les élèves, à qui vous faites payer la suppression de plus de 50 000 postes en quatre ans.
Enfin, c’est grave pour l’école elle-même, qui verra se creuser davantage encore le fossé entre les jeunes enseignants, enthousiastes mais désarmés, et des élèves de plus en plus fragiles, donc de plus en plus exigeants.
Monsieur le ministre, l’identité nationale, c’est l’école de la République qui la bâtit et ce sont les enseignants qui la forgent.
Alors, cessez de les mépriser et donnez-leur enfin la formation indispensable à leur métier !
L'article de Libé Lille montre que ce qu'a dit Valérie Pécresse était faux.*Mme Valérie Pécresse,*/ ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche./ Monsieur le député, vous avez raison (/« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC)/ : rien n’est plus précieux pour un pays que de bien former ses enseignants. Tel est l’objectif de la réforme qu’avec mon collègue Luc Chatel, nous mettons en œuvre. Cette réforme est une chance pour nos futurs professeurs et pour leurs futurs élèves.
Elle permettra en effet aux futurs enseignants d’acquérir davantage de connaissances et de compétences. Actuellement, un jeune professeur est formé à bac + 3 ; désormais, il sera formé à bac + 5 et fera donc deux années d’études supplémentaires.
La réforme permettra également aux futurs enseignants d’accomplir plus de stages. _*Actuellement, la quasi-totalité des jeunes professeurs qui arrivent en septembre devant une classe n’ont jamais vu aucun élève.
*_/(Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC.)/
*M. Christian Eckert : C’est faux !
*Mme Valérie Pécresse,*/ ministre de l’enseignement supérieur./
Désormais, ils auront trois fois plus de possibilités d’effectuer des stages – stages d’observation, de pratique accompagnée et stages en responsabilité –, et ce avant même d’avoir passé le concours. Cela signifie que, grâce à la réforme, ils feront une entrée progressive dans le métier, pour leur plus grand bénéfice et, bien évidemment, pour le
plus grand bénéfice de leurs élèves.
Enfin, la réforme leur offrira davantage de débouchés pour une meilleure insertion professionnelle. Actuellement, un jeune étudiant qui rate le concours de professeur des écoles ou du CAPES n’a aucun diplôme ; il a perdu une année et n’a aucune possibilité de se réorienter. Grâce à la réforme, il aura un diplôme de master…
De telles façons de procéder sont-elles compatibles avec un fontionnement normal de la démocratie ?
Elles montrent en tout cas que les intérêts des élèves pèsent peu.
1 commentaire:
Deux années de moins à cotiser pour leur retraite entre parenthèses...
Bravo pour ton billet.
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